jeudi

Présentation de l'ouvrage

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Table des matières

- Avant-propos. Considérations sur un Printemps arabe

- Chapitre 1 - Le réveil, enfin !

- Chapitre 2 - De l'humiliation à la révolution pour la dignité

- Chapitre 3 - Comprendre les raisons du Printemps arabe

- Chapitre 4 - Islamisme et transition démocratique

- Chapitre 5 - Du long combat des femmes arabes

- Chapitre 6 - L'échec des "Dubaï boys"

- Chapitre 7 - Le monde arabe face à l'Occident

- Conclusion. En finir avec le mythe de l'homme providentiel

- Bibliographie sélective


Quelques thèmes abordés par l’ouvrage

· Ne plus parler de « révolution du jasmin »
Dans le premier chapitre, l’auteur rappelle la chronologie des révolutions tunisienne et égyptienne. Il y explique notamment pourquoi il rejette, concernant la Tunisie, l’emploi de la formule « révolution du jasmin » qu’il juge à la fois hors de propos et insultante à l’égard de la mémoire des victimes tombées sous les balles du régime de la police de Ben Ali.
· Les dictatures, première cause de l’humiliation des peuples arabes et de leur revendication de dignité
Le deuxième chapitre revient sur la cause principale du Printemps arabe. Il s’agit de la revendication de dignité engendrée par ce sentiment d’humiliation que partagent, ou partageaient, la grande majorité des peuples arabes. Pour l’auteur, cette humiliation n’est certainement pas due à l’existence d’Israël mais bien au fait que ces peuples ont vécu, et vivent encore pour nombre d’entre eux, sous la férule de dictateurs. La crainte permanente des services de sécurité, la honte et la haine de soi nées des compromissions avec le régime en place ainsi que la colère ont finalement permis aux peuples arabes d’abattre le mur de la peur et d’en découdre avec les régimes en place.
· La revendication du « droit aux droits », la colère contre les kleptocrates et les « répub-monarchies », Al-Jazeera et les réseaux sociaux : autant de raisons du Printemps arabe
Le chapitre trois analyse les autres raisons principales du Printemps arabe. Il y est question d’un mouvement post-colonial pour la citoyenneté et la revendication « du droit aux droits ». Pour l’auteur, le « droit aux droits » prime même sur l’exigence de démocratie puisqu’il en est le préalable. Parmi les autres causes des révolutions arabes, ce chapitre aborde la colère contre les dérives kleptocrates des dirigeants arabes ainsi que leurs ambitions dynastiques (ambitions résumées par le terme djoumloukiya, c'est-à-dire la combinaison entre république et monarchie). Outre le rôle capital d’Al-Jazeera qui, dès le milieu des années 1990, a contribué à diffuser le débat démocratique et à offrir une tribune aux oppositions, le plus souvent clandestines ou persécutées, cette partie revient aussi, en relativisant leur impact, sur les réseaux sociaux sur internet et leur rôle dans la contestation contre les dictateurs. Enfin, l’auteur rappelle que les mouvements islamistes ont, eux-aussi, contribué à saper la légitimité des régimes dictatoriaux en dénonçant notamment leurs dérives mafieuses.
· L’islamisme politique n’a pas disparu pas plus que le djihadisme. Et rien ne sera réglé dans le monde arabe sans exégèse moderniste des textes coraniques. A condition que l’influence wahhabite soit sérieusement combattue.
Le chapitre quatre aborde la question cruciale de la confrontation entre la transition démocratique et l’islamisme politique. L’auteur y explique que ce n’est pas parce qu’il n’a joué aucun rôle durant les premiers temps des révolutions arabes, que l’islamisme a disparu. Bien au contraire, il fait figure de principal danger pour la démocratisation cela alors que de trop nombreux observateurs se sont dépêchés de proclamer le caractère « post-islamiste » du Printemps arabe. Dans les prochains mois, les expériences de transition démocratique vont être confrontées à la montée en puissance des partis se réclamant de l’islamisme politique avec ce que cela comporte comme risque de dérapage comparable à ce qui s’est passé dans l’Algérie des années 1990. Dans le même temps, le djihadisme et le recours à l’action violente au nom de la religion ne sont pas près de disparaître non plus tant les pays arabes restent confrontés à d’importants problèmes sociaux, économiques et politiques.
Pour l’auteur, le monde arabe ne pourra s’engager dans une démocratie respectueuse des droits de toutes les personnes humaines, sans distinction de genre, de race ou de religion, sans une exégèse moderniste des textes coraniques et des lois musulmanes. Le matériau, les travaux philosophiques et théologiques pour cet ijtihad existent et ne demandent qu’à être exploités. Comme lors de la Nahda (Renaissance) du dix-neuvième siècle, ils peuvent contribuer à moderniser les systèmes politiques dans le monde arabo-musulman. A condition, insiste l’auteur, que cessent le prosélytisme wahhabite et la diffusion de cette idéologie moyenâgeuse par l’Arabie saoudite.
Ce chapitre aborde aussi la question du sort des minorités religieuses dans le monde arabe. Pour l’auteur, l’amélioration de leur sort et la fin des persécutions auxquelles elles sont soumises dépend à la fois de l’instauration de régimes démocratiques garantissant le même « droit aux droits » à tous mais aussi de l’avènement de cette exégèse moderniste de l’islam. Cette exégèse devra aussi concerner la normalisation des rapports entre la religion musulmane et les autres croyances.
· Pas de réussite du Printemps arabe sans les femmes. La Tunisie de Ben Ali n’était pas féministe. Il faut mettre un terme à la « dispute du voile ».
Le chapitre cinq aborde la question de la condition des femmes arabes. L’auteur y rappelle que son amélioration est loin d’être gagnée même au lendemain des révolutions. Outre les mentalités misogynes, les partis islamistes sont des facteurs de régression de même que l’influence de l’Arabie saoudite, pays où les femmes n’ont pratiquement aucun droit. Ce chapitre rappelle aussi que, contrairement à une idée répandue, la Tunisie de Ben Ali était loin d’être à la hauteur du legs de Bourguiba en matière de droits de la femme. L’instrumentalisation de la situation des femmes par le régime de l’ancien dictateur risque même de conforter ceux qui, islamistes en tête, entendent aujourd’hui restreindre la place des Tunisiennes dans la société.
· L’expérience néolibérale tentée par les régimes arabes a échoué. Il leur faut trouver désormais une « troisième voie » et veiller à ne pas céder aux exigences des institutions internationales en matière de privatisation et d’ouverture économique.
Dans le sixième chapitre, l’auteur revient sur l’échec des « Dubaï boys », comprendre ces élites arabes qui ont mis en pratique les politiques d’ouverture économique inspirées par les thèses néolibérales. Vouées à l’échec en l’absence de réel Etat de droit et de démocratie, ces politiques n’ont pu empêcher la corruption et la kleptocratie de gangréner la machine économique comme ce fut le cas en Egypte et en Tunisie. Dans cette optique, les transitions démocratiques qui s’engagent devront accorder la priorité aux questions sociales et éviter de céder aux pressions des grands bailleurs de fonds qui, comme à l’époque des dictatures, continuent d’exiger des privatisations et une plus grande ouverture économique.
· Le monde arabe doit apaiser ses relations avec l’Occident et s’inspirer de ce qu’il offre de meilleur. Démocratique ou pas, le monde arabe ne normalisera vraiment ses relations avec Israël que le jour où justice sera faite pour les Palestiniens.
Le septième chapitre revient sur les relations conflictuelles entre le monde arabe et l’Occident. L’auteur estime que le monde arabe gagnerait à prendre conscience de la peur qu’il inspire à l’Occident. De même, doit-il se débarrasser de sa paranoïa à son égard en s’inspirant de ce qu’il offre de mieux non seulement en matière de technologie et de progrès industriel mais aussi sur le plan des idées et des philosophies appelant à repenser le développement et les modes de vie. Le chapitre aborde aussi la question des relations entre le monde arabe et Israël. Pour l’auteur, le fait que de nombreux pays arabes évoluent vers la démocratie ne signifie pas pour autant que ces derniers vont normaliser leurs relations avec l’Etat hébreu. En effet, les peuples arabes restent très attachés à la question palestinienne et ce n’est que lorsque justice sera faite pour les Palestiniens que le monde arabe acceptera Israël.
· En finir avec le mythe de l’homme providentiel qui ouvre la voie à tant de dictateurs
Dans sa conclusion, l’auteur souhaite que les Arabes cessent d’attendre l’homme providentiel et qu’ils comprennent que le salut est l’œuvre de tous. Trop espérer d’un seul homme finit toujours par faire naître un tyran et à mener à la dictature.

Quatrième de couverture

Jusqu'en janvier 2011, être arabe, c'était, entre autres, se sentir humilié par ses dirigeants, impuissant à peser sur l'évolution de son propre pays. Depuis la chute de Ben Ali et de Moubarak, c'est retrouver un sentiment de fierté et réaliser que la dictature et la corruption ne sont pas une fatalité.

Bien loin des idées reçues et de la compassion bien-pensante, Akram Belkaïd fait un portrait sans concessions de ce "nouveau" monde arabe, qui doit encore affronter des questions essentielles à sa reconstruction : quelle est désormais la place de l'islamisme dans ces sociétés ? L'économie sera-t-elle un tremplin ou un frein au développement politique ? En quoi la condition de la femme changera-t-elle ? Les relations entre l'Occident et le monde arabe vont-elles évoluer vers moins d'antagonisme ? Et la plus importante de toutes : la démocratie peut-elle émerger dans ce contexte aux réalités multiples, des émirats du Golfe aux banlieues de Tunis ?

Plus qu'un document analytique, c'est un véritable carnet de route personnel que nous propose ce journaliste algérien, de mère tunisienne, exilé en France. Un témoignage nourri de ses voyages et de ses nombreuses rencontres, ainsi que de son identification forte à un sentiment de solidarité panarabe.

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