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Être arabe aujourd’hui, d’Akram Belkaïd. Éditions Carnets du nord, 2011, 256 pages, 18 euros.Les révoltes des peuples dans la majorité des pays arabes depuis le printemps 2011 ont incité pas mal d’auteurs à analyser leurs causes. «Je n’avais pas vu venir la révolution», avoue d’emblée Akram Belkaïd. Ce journaliste et essayiste algérien porte un regard critique sur les dirigeants arabes. «Le printemps arabe ne va pas cesser d’être ausculté mais si l’on a un minimum d’honnêteté, il faut s’interroger sur les raisons pour lesquelles personne ou presque ne l’a vu venir. Ni les diplomates ni les politologues, et encore moins les journalistes, n’ont été capables de prédire cet événement majeur. Pourquoi ? En ce qui me concerne, je pense que je m’étais habitué au caractère résilient des dictatures.» En rendant hommage à un journaliste libanais assassiné, Samir Kassir, il tranche avec son franc-parler. «En 2005, alors que le monde arabe, déboussolé et traumatisé, se relève à peine des conséquences des attentats du 11 septembre 2001 à New York et Washington ainsi que de l’invasion de l’Irak en mars 2003 par les troupes américano-anglaises, est publié Être arabe (1). Pour moi, c’est une véritable feuille de route, un manifeste, que tous
les Arabes se devaient de lire et d’intérioriser.
Ne plus se poser en victime, se prendre en charge, redevenir acteur de sa propre histoire et regarder
vers l’avenir en assumant pleinement ses droits
et ses obligations au nom de l’aspiration démocratique. » Jusqu’en janvier 2011, être arabe, c’était se sentir humilié par ses dirigeants,
impuissant à peser sur l’évolution de son pays.
Depuis la chute de Ben Ali et de Moubarak, c’est retrouver un sentiment de fierté et réaliser que la dictature et la corruption ne sont pas une fatalité. Akram Belkaïd souhaite que «les Arabes cessent d’attendre l’homme providentiel et qu’ils comprennent que le salut est l’œuvre de tous.
Trop espérer d’un seul homme finit toujours
par faire naître un tyran et à mener à la dictature».
Il dresse un portrait sans concession du monde arabe naissant, mais avec des interrogations : quelle est désormais la place de l’islamisme dans ces sociétés ?
En quoi la condition de la femme changera-t-elle ?
La démocratie peut-elle émerger dans ce contexte aux réalités multiples, des émirats du Golfe aux banlieues de Tunis ? Cet ouvrage est un essai de réflexion sur l’avenir de ce bouleversement majeur, qui fait renouer les peuples arabes avec l’espérance démocratique.
(1) Actes Sud/Sindbad, 2005.
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